Au 3ème trimestre 2020, le bâtiment repart avec +0,5 % sur l’activité globale. C’est donc une petite « embellie » même si elle reste timide et fragile. Certes, 2020 est et restera une année compliquée pour les entreprises. Néanmoins, en comparaison de l’effondrement de l’activité et des résultats catastrophiques des deux derniers trimestres, ces résultats apparaissent comme plutôt satisfaisants. Même si la conjoncture est aujourd’hui meilleure que prévue au début de l’été, la vigilance s’impose pour 2021. Beaucoup d’inconnues demeurent, notamment sur les conséquences sociales et économiques provoquées de la crise sanitaire qui rendent difficiles toutes estimations pour la suite. Décryptage.
C’est l’information principale à retenir, et c’est une bonne nouvelle ! Avec +0,5 % l’activité de l’artisanat du bâtiment renoue avec la croissance malgré de nombreuses incertitudes.
// AU 3e TRIMESTRE, LE BATIMENT REPASSE AU VERT
L'activité s’est stabilisée au troisième trimestre après un effondrement au 2ème trimestre du fait des conséquences de l’épidémie de Covid-19.
Au 3ème trimestre, l’activité affiche une évolution de + 0,5 % par rapport au 3ème trimestre 2019. On observe un rebond de la croissance sur tous les marchés.
C’est la construction neuve qui affiche aujourd’hui une progression de + 1 %. C’est l’effet d’un rattrapage des autorisations et des permis de construction qui n’avaient pas été réalisés pendant le confinement et les semaines qui ont suivi. Cela concerne notamment les maisons individuelles et le petit collectif.
En rénovation, le marché est quant à lui à zéro (et retrouve donc le niveau du 3e trimestre 2019), un niveau faible donc mais néanmoins satisfaisant compte tenu de la situation au cours des deux trimestres précédents. Ce résultat s’explique en partie par le non résidentiel qui n’est pas parvenu à remonter la pente (– 2 %) ce qui a freiné le résultat global de l’entretien rénovation. La tendance annuelle s’établit donc aujourd’hui à – 1,5 %.
Quant à la performance énergétique, l’activité reste fragile mais positive avec + 0,5 %.
Tous ces indicateurs ont une conséquence directe sur les carnets de commande qui ont bénéficié d’un rebond au cours de ces 3 derniers mois en passant de 65 jours en juillet à 72 jours en octobre. Un indicateur parlant pour toutes les entreprises artisanales !
//L’IMPACT DE LA COVID-19 ET DES MESURES D’URGENCE
Aujourd’hui, les entreprises artisanales du bâtiment tournent à plein régime. Ainsi, 68 % des entreprises déclarent une capacité de production supérieure à 100 % !
Une grande partie des entreprises artisanales du bâtiment ont pu bénéficier des aides de l’État. Les mesures d’urgence prises par les pouvoirs publics, pendant la crise sanitaire et au lendemain du confinement, ont permis d’épargner quelque peu les trésoreries des entreprises même s’il est clair qu’elles rognent également sur leurs marges pour faire face à la situation. De ce fait, les créations et les défaillances d’entreprises sont en baisse mais il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’une tendance ponctuelle ou durable. En matière de trésorerie, les besoins restent importants (20 000 € en moyenne en octobre 2020) mais sont néanmoins en diminution par rapport aux trimestres précédents.
8 % des entreprises artisanales du bâtiment ont bénéficié d’un PGE mais cette moyenne cache un grand écart puisque seules 3 % des entreprises sans salarié en ont demandé un alors que 30 % des entreprises comptant entre 10 et 19 salariés l’ont fait.En outre, 46 % des entreprises ont bénéficié du fond de solidarité et, à l’inverse des PGE, ce sont surtout les entreprises sans salarié qui ont sollicité ce fonds (48 %), celles de 10 et 19 salariés n’étant que 28 % à le faire.
Les récentes promesses de France Relance, notamment en matière de rénovation énergétique avec MaPrimeRenov’, sont aussi de bon augure pour espérer une reprise durable de l’activité.
//ET DEMAIN, QUELLES PERSPECTIVES ?
Aujourd’hui, une certaine sérénité a été retrouvée.
Sur le plan économique, les mesures gouvernementales ont joué à plein et ont permis de sauvegarder la situation financière des entreprises et de préserver l’emploi. Certes l’activité a bien repris mais il y a un effet de rattrapage évident des chantiers décalés et des travaux reportés au printemps dernier. Autre élément, durant cette période, les ménages ont eu le temps de réfléchir à l’amélioration de leur logement et de leur confort pendant le confinement. Un phénomène qui semble durer et qui se traduit aujourd’hui avec la recherche d’appartement avec un extérieur, la quête de la maison individuelle avec jardin et le nouvel attrait des citations pour les villes moyennes et la vie à la campagne.
Étant donné la situation actuelle, la CAPEB s’attend toujours à un résultat négatif sur l’ensemble de l’année 2020. Ainsi, l’activité des entreprises artisanales devrait baisser d’environ 10 %, ce qui ne s’est jamais produit dans le passé, même lors de la crise de 2008.
Pour 2021, la CAPEB mise sur un rebond compris entre 6% et 8% en 2021. Mais pour cela, les semaines à venir et l’évolution de la situation sanitaire auront un impact majeur pour savoir si ces prévisions peuvent ou non se confirmer. La hausse du chômage et les comportements d’épargne de précaution des ménages pourraient notamment stopper net cette dynamique de reprise dans les mois à venir.
En savoir plus :
https://www.capeb.fr/actualites/note-de-conjoncture-3eme-trimestre-2020
CONJONCTURE – EN RESUME
* Les carnets de commande : les perspectives s’orientent favorablement en construction neuve et en entretien-amélioration. En moyenne, les carnets de commandes représentent 72 jours de travail au début du mois d’octobre 2020, 7 jours de plus qu’au mois de juillet.
- 1 % dans le neuf
- 68 % des entreprises de l’artisanat du bâtiment déclarent une capacité de production supérieure à 100 % en octobre.
- Retard de chantiers (34 %) |
« Ce rebond est un signal rassurant pour les chefs d’entreprises artisanales du bâtiment, qui n’ont pas cessé de se mobiliser pour poursuivre leur activité dans un contexte de crise totalement inédit. Cette reprise ne doit pas cacher la baisse globale d’activité sur l’ensemble de l’année de qui devrait être d’environ 10 %, ni occulter le contexte d’incertitudes dans lequel les entreprises artisanales du bâtiment évoluent. Deux incertitudes majeures : la crise sanitaire bien évidemment et l’impact réel du Plan de Relance. Ce plan étant tout particulièrement orienté vers la rénovation énergétique avec MaPrimeRénov, il est fondamental de simplifier le dispositif RGE, de fluidifier les dispositifs des CEE, de rendre les aides plus lisibles et enfin d’accompagner les entreprises au quotidien dans le traitement de leurs dossiers. Je rappelle que la massification espérée des travaux de rénovation énergétique des logements ne se fera pas sans nous».