Jeudi 27 janvier 2022, le Président confédéral a accueilli la presse pour lui présenter deux études permettant de mesurer l'impact de la crise sanitaire sur les entreprises, la conjoncture du 4ème trimestre 2021, le bilan de l'année écoulée et les perspectives 2022.
Dans chaque corps de métiers, il y a des différences de hausses de prix en fonction de la nature des ouvrages. Ainsi, par exemple, pour le travail courant de l’aménagement bois, la hausse est modeste mais pour les constructions en ossature bois, l’augmentation est vraiment forte de 20 à 25 %.
Le vice-président en charge des questions économiques, David Morales, a souligné qu’il ne faudrait pas qu’à la fin de l’année les artisans soient pénalisés dans leurs bilans. La CAPEB continue à les inviter à la vigilance pour en pas se mettre en danger.
Les indicateurs conjoncturels
« L’année 2021 s’est achevée sur une note très positive pour l’ensemble de l’artisanat du bâtiment avec une activité supérieure de 2,5% en volume par rapport à celle que nous avions connue en 2019. C’est la preuve que les entreprises artisanales ont encore su s’appuyer sur leurs capacités d’adaptation et d’agilité pour répondre à la demande et faire preuve de résilience”. JC. Repon
La conjoncture au 4ème trimestre 2021 et le bilan 2021
2021 a été une année dynamique dans l’artisanat du bâtiment et a progressé de 2,5% par rapport à 2019.
L’activité de la construction neuve a enregistré une croissance de 3 % au 4T2021 (11 % en tendance annuelle en 2021) , l’effet de rattrapage jouant beaucoup. Cette activité avait enregistré une chute de -8,5 % en 2019.
Au 4ème trimestre, l’activité entretien rénovation qui tire l’activité de l’artisanat du bâtiment avec une hausse de 4 % soit + 14 % en tendance annuelle (après -9 % en 2020).
Ce marché bénéficie toujours d’un important flux de demandes favorisé par une orientation des dépenses des ménages vers le logement, des mesures d’aides gouvernementales aux ménages, une bonne tenue de l’emploi et des revenus, et l’impact du Plan de Relance.
Ce contexte bénéficie tout particulièrement aux travaux de performance énergétique des logements qui progressent de 4,5 % au 4ème trimestre, soit une croissance annuelle de 16 % en 2021.
Ces chiffres illustrent l’effet positif de MaPrimeRénov’ et de la simplification du dispositif qui suscitent les demandes de travaux, accentuées par le télétravail, la volonté d’améliorer son confort, sa qualité de vie, etc. Jean-Christophe Repon
Les régions
Au cours du 4ème trimestre, les évolutions régionales s’avèrent relativement homogènes comprises entre 3 et 4 %. Le marché de la rénovation est bien réparti sur l’ensemble du territoire.
Les métiers
Cette convergence des taux de croissance se manifeste également au niveau des différents métiers, avec des hausses comprises entre + 3 % et + 4 %.
Les carnets de commandes
Les carnets de commandes ont augmenté en 2021 notamment à cause du rattrapage des chantiers, ils représentent 100 jours en 2021 (contre 74 jours en 2019), soit une progression de 19 jours par rapport à la même période de l’année précédente mais 12 jours de moins qu’au 3ème trimestre.
Ainsi, après le pic de 111 jours enregistré en juillet 2021, le 3ème trimestre marque une inflexion qui se confirme en fin d’année. Les perspectives des carnets de commandes sont légèrement moins favorables en entretien-rénovation comme en construction neuve, quelle que soit la taille des entreprises.
La trésorerie
Au 4ème trimestre 2021, 9 % des entreprises font état de besoins de trésorerie (contre 22 % au même trimestre de l’année précédente), dont 64 % d’entre elles déclarent un besoin supérieur à 10 000 €.
En janvier 2022, le montant moyen des besoins de trésorerie de ces entreprises atteint 20 000 € (contre 16 000 € un an auparavant).
L’emploi
Le Président de la CAPEB a rappelé qu’il y a des difficultés à recruter mais qu’il n’y a pas de pénurie de main-d’œuvre dans les entreprises artisanales du bâtiment qui ont recruté 66 600 apprentis et créé 26 000 créations nettes d’emplois salariés en 2021.
L’emploi salarié dans les entreprises du BTP de moins de 20 salariés affiche encore une forte progression au 3ème trimestre 2021 et s’établit à 789 800.
Il faut faire savoir aux jeunes que travailler dans l’Artisanat du Bâtiment permet de donner un sens à sa vie et de d’évoluer dans un secteur innovant et dynamique. C’est pour ça aussi que la CAPEB a signé une convention avec le CCCA-BTP pour pouvoir favoriser ces innovations et leurs intégration dans les métiers de l’Artisanat du bâtiment. C’est ce dynamisme et cette modernité qui donneront envie aux jeunes de rejoindre le secteur.
En ce jour de grève pour la défense du pouvoir d’achat, il faut rappeler que les salaires sont plutôt corrects dans l’Artisanat du Bâtiment et que les chefs d’entreprise vivent plutôt bien de leur activité.
La CAPEB a également signé une convention avec Pôle emploi pour qu’il y ait davantage de compétences bâtiment dans les agences locales et pour mettre en adéquation, territoire par territoire, les demandes avec les besoins des entreprises qui ont régulièrement des difficultés pour recruter.
Suite à une question sur la charte d’engagement signée l’an dernier par la CAPEB avec l’Etat pour favoriser la mise en œuvre du Plan de relance, le Président a fait observer que la CAPEB est en cohérence avec ses objectifs.
Le Secrétaire général a précisé qu’un point sera fait d’ici la fin de la semaine mais que les résultats ne seront pas forcément publiés aussitôt après. Il a rappelé les quelques 4000 chantiers d’Etat ont été engagés en grande partie ce qui est plutôt satisfaisant quand on sait que les marchés publics sont généralement plus longs à être traités.
Le Président a indiqué que la CAPEB travaillait aussi en interne pour aider les entreprises à recruter plus facilement avec, notamment, le nouvel outil ARTICompétences.
Il y a un vrai dynamisme de l’emploi dans l’Artisanat du bâtiment et si l’activité reste à ce bon niveau, il est envisageable que 20 000 nouveaux emplois soient crées en 2022.
S’agissant des salaires, le Président a rappelé que, dans le bâtiment, ils sont négociés en région par les partenaires sociaux. Logiquement, la grille salariale est plutôt opérationnelle et même au-delà des autres secteurs d’activité. La réalité du marché fait que, malgré la grille négociée, chaque artisan qui cherche un emploi durable et compétent négocie directement avec ses salariés pour les recruter puis les garder le plus longtemps possible. Les chefs d’entreprise cherchent à être attractifs et travaillent aussi sur la prévention et la sécurité ainsi que sur la qualité de vie au travail.
Diminution des créations et des défaillances d’entreprises
Au 3ème trimestre 2021, 21 098 créations (y compris micro-entrepreneurs) ont été enregistrées dans le BTP (-8,9 % par rapport au même trimestre de l’année précédente)
En mêmetemps, 1 742 défaillances d’entreprises ont été enregistrées dans la construction (-0,7 % par rapport au même trimestre de l’année précédente).
La croissance en 2021
Avec une croissance de 3,5 % au 4ème trimestre et une hausse de 4 % au troisième trimestre, le second semestre a confirmé la tendance observée aux deux premiers trimestres (+ 9,5 % au 1T2021 et + 37 % au 2T2021).
Si ces chiffres historiques sont à relativiser compte tenu d’une année 2020 totalement atypique, le redémarrage de l’activité s’est confirmé malgré de nombreuses incertitudes liées au contexte sanitaire.
En effet, l’artisanat du bâtiment enregistre en 2021 une croissance de 12,5 % (après un recul de 9 % en 2020), ce qui représente un chiffre d’affaires de près de 80 milliards d’€ en 2021 (après 70 Mds en 2020 et 77 milliards en 2019).
La construction neuve enregistre une croissance de 11 % en 2021 par rapport à 2020 et de 1,5 % par rapport à 2019. Ces résultats sont respectivement de 14 % et de 3,5 % pour l’entretien amélioration.
Malgré la crise sanitaire, l’augmentation des prix et la pénurie des matériaux, l’année 2021 marque donc un retour d’activité supérieur au niveau d’avant crise affichant une progression de 2,5 % en volume par rapport à 2019. Autrement dit, non seulement les entreprises ont rattrapé la mauvaise année 2020 mais ont fait mieux qu’en 2019.
Le Président a souligné que “les résultats seraient encore meilleurs si le taux de TVA était réduit sur l’ensemble des travaux. La hausse des prix de l’énergie impactera certainement la réflexion des ménages pour faire baisser leurs factures. Il faut donc essayer de faire baisser encore le prix des rénovations énergétiques”.
Les perspectives 2022
L’année 2022, avec une croissance de l’artisanat du bâtiment estimée entre 2 et 3 %, demandera sans doute aux entreprises d’anticiper et de gérer les risques liés aux conditions d’approvisionnement et d’augmentation de l’inflation. Elle sera également marquée par des incertitudes comme les échéances électorales et l’évolution de la crise sanitaire.
Ces niveaux de croissance permettraient d’avoir la même dynamique sur l’emploi et l’apprentissage.
Interrogé sur la poursuite des hausses des prix, le Président a indiqué que les fabricants n’apportent aucune réponse quant à leurs perspectives. “Les entreprises artisanales ont pour habitude de travailler sur des prix quasi annuels et le fait de devoir revisiter l’achat des matériaux au bon prix, gérer les livraisons dans des délais cohérents, avec des forces vives pas toujours présentes pour cause de Covid, dans des structures de 3 personnes en moyenne, est très stressant. La tension dans les entreprises est palpable”. a souligné le Président.
“On pourrait se satisfaire d’une activité plutôt bonne et malgré cela, on a des chefs d’entreprise qui sont au bord du burn-out.” Jean-Christophe Repon.
On est très vigilants sur l’augmentation des prix et le rôle du comité de crise mis en place par l’Etat est important pour assurer cette surveillance et responsabiliser la filière.
La CAPEB conseille à ses adhérents de réduire au minimum la durée des devis. En 2021, les devis étaient signés et les artisans n’ont pas pu répercuter les hausses. Maintenant, la majorité des artisans ont réduit la durée de leurs devis et sont plus proches de la réalité des prix. Les entreprises diversifient aussi leurs fournisseurs ce qui demande de l’énergie. Il y a beaucoup de matériaux qui restent sans délai et sans prix.
Questions diverses
Au cours de cette conférence de presse, le président a également répondu à plusieurs autres sujets :
Livre blanc pour les présidentielles
Le Président a précisé les grandes lignes du livre blanc (TVA à 5,5 %, l’apprentissage, France Rénov’, les ZFE, etc) et qu’il sera disponible mi-février.
France Rénov’ et le dispositif unique
La CAPEB travaille bien avec l’Anah et se satisfait que cette agence soit l’opérateur du nouveau service.
Le dispositif unique nous va très bien et c’était d’ailleurs une demande de la CAPEB d’avoir un guichet unique pour que le particulier puisse avoir l’information de l’entièreté des aides auxquelles il a droit. L’agrément de privés pour accompagner les particuliers est un sujet plus gênant. Il est important que chacun reste à sa place. Ne faisons pas de l’accompagnateur un super contrôleur ou quelqu’un qui organise le marché et faisons attention à ce qu’une société privée agrée présente bien toutes les garanties d’indépendance.
Il y a également une vigilance à avoir sur la nature et le montant des travaux à partir desquels un accompagnateur deviendrait obligatoire.
Les artisans doivent pouvoir aller sur ce marché, même ponctuellement, avec le dispositif de la qualification chantier expérimenté sur 2 ans, même s’ils ne sont pas qualifiés RGE.
La petite musique portée aux oreilles des gouvernants sur l’insuffisance du nombre d’artisans et de leur niveau de compétence est inquiétante et la CAPEB s’y oppose.
Le programme OSCAR doit permettre de faire une expérimentation dans 4 régions pour accompagner les artisans en externalisant la partie administrative de MPR et des CEE et les encourager à investir encore davantage le marché de la rénovation énergétique.
_”En tant qu’organisation patronale, la CAPEB met toute son énergie pour qu’il y ait de plus en plus d’artisans sur ce marché ainsi que sur le maintien à domicile.__**”**_ Jean-Christophe Repon
**L’offre globale**
On peut fantasmer sur l’offre globale mais à ce jour, il n’y a même pas 500 dossiers. Ce type d’offre est peu réaliste par rapport aux conditions du marché. Il faut donc raison garder. La CAPEB réfléchit avec des partenaires pour encourager les travaux. On devrait être en capacité d’accéder aussi vite à un financement pour rénover son habitat que pour acheter un véhicule.
**RE2020**
La CAPEB incite le Réseau à informer les entreprises sur la RE2020. Pour autant, en termes d’augmentation des coûts, on ne peut que supputer qu’il y aura une hausse.
Les artisans ont une vision citoyenne et responsable.
Les industriels doivent aussi réfléchir à fabriquer des produits décarbonés.
On ne peut être que d’accord sur l’esprit et les attendus mais il faut aussi rester en capacité de fournir les 500 000 logements manquants.
La clause de revoyure validée avec la Ministre est essentielle. Chaque semestre un point d’étape est prévu et un bilan sera dressé dans deux ans.
L”Europe a publié plusieurs textes plus exigeants que la RE2020. Le but des artisans n’est pas de réduire les exigences mais de faire en sorte que les particuliers puissent toujours accéder au marché.
Le débat n’est pas sur les objectifs mais sur la façon de les mettre en œuvre.
Conclusion
Le secteur du bâtiment est toujours constitué de 95 % d’entreprises de moins de 10 salariés et 98 % de moins de 20 salariés. Ces entreprises s’organisent mais l’Etat doit aussi travailler avec elles.
David Morales a rappelé qu’évoluer dans l’artisanat est un choix individuel que les artisans font avec la volonté d’être libres, de pouvoir traiter directement avec leurs clients, d’être prescripteurs, d’évoluer dans la proximité, et de pouvoir se laisser confier la clé d’un chantier par les particuliers.
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