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LA MINISTRE CAROLE GRANDJEAN ÉCHANGE AVEC LE RÉSEAU CAPEB
 News du 14-11-2023

Réforme des lycées professionnels : Carole GRANDJEAN, Ministre déléguée auprès du ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, a échangé ce mardi 7 novembre avec le Réseau CAPEB.

Le Président de la CAPEB a accueilli ce mardi 7 novembre matin la Ministre chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels Carole Grandjean pour un échange sur la réforme des Lycées professionnels.

Une dizaine de membres du Conseil d’administration avait fait le déplacement pour être à ses côtés et accueillir la Ministre, les autres étant en visio.

Cet échange en visio avait été prévu lors des échanges que le Président Jean-Christophe Repon avait eus avec la Ministre à l’occasion de sa visite officielle des WorldSkills.

Le Président rappelle le poids de l’Artisanat et de la CAPEB

En préambule, le Président a rappelé que la CAPEB représente plus de 61 000 entreprises artisanales du bâtiment qui sont, dans leur grande majorité, formatrices.

Il a souligné que le secteur a besoin de compétences, au moins 200 000 emplois pour faire face aux besoins de la rénovation énergétique notamment.

La réforme des Lycées professionnels

Mme Carole Grandjean a commencé son propos en affirmant sa conviction que cette réforme des lycées professionnels ne pourra réussir sans les entreprises artisanales. Elle a souligné que cette réforme est structurelle et vise à répondre aux fragilités des lycées professionnels.

Offrir de vraies perspectives aux lycéens professionnels

Mme Carole Grandjean a rappelé que les 2/3 des formations dispensées dans les lycées professionnels sont aujourd’hui tertiaires puisque ces établissements ont été conçus pour cela au départ.

Un tiers des jeunes passent en lycée professionnel. Le vivier est donc immense du point de vue du recrutement des entreprises et du point de vue sociétal car cette jeunesse attend de pouvoir prendre sa place dans la société.

Sociologiquement, ces élèves sont issus de milieux sociaux plus fragiles (50 %) ce qui motive le renforcement de certaines actions en leur faveur. L’indice de position sociale y est en moyenne de 97 contre 118 ailleurs.
Ces jeunes peinent à trouver leur place dans la société. Il faut donc s’engager contre cette tendance collectivement.
La représentation des élèves handicapés est également plus importante que dans d’autres établissements tout comme le niveau scolaire sur les enseignements généraux.
Sur ce tiers de jeunes en lycées professionnels, un tiers quitte le lycée sans diplôme. 28 % s’inscrivent dans le supérieur mais 16 % seulement réussissent.

“Le lycée professionnel répond à l’exigence sociétale qu’est l’obtention d’un diplôme mais la promesse républicaine est aussi d’ouvrir des perspectives dans la société” a déclaré la Ministre.
 


 

La réforme en 3 axes

- Travailler sur la fragilité scolaire parce que ces élèves seront aussi fragilisés dans leurs parcours de vie.
Toutes les classes de seconde doivent être en sous-groupes dans les matières de base pour un meilleur accompagnement et les options doivent être multipliées pour permettre à ces jeunes de mieux se préparer à la vie professionnelle, pour renforcer leur estime de soi et la confiance en eux, mais également la fierté. Leur manque de fierté est accentué par le manque de perspective, par la difficulté à avoir des stages de qualité, par l’inadéquation entre l’offre et la demande.

- Travailler sur l’offre de formation qui ne répond pas aux grands défis de la société et ne s’inscrit pas dans l’évolution des métiers. Des formations seront fermées et d’autres seront révisées. Par exemple, la formation « chaudronnier » doit être retravaillée pour mieux correspondre aux réalités de ce métier. De nouvelles formations devront être ouvertes en lien avec les besoins du secteur économique ;


- Renforcer le lien avec les entreprises qui existe déjà mais en professionnalisant cette relation avec une animation au quotidien, des objectifs, un dialogue sur l’offre de formation, des opérations de découverte des métiers, etc.


Les lycées professionnels doivent être un point d’appui pour les entreprises artisanales du bâtiment. Les réussites dans la voie professionnelles sont tout aussi valorisantes que dans d’autres voies. 40 % des transitions professionnelles sont mobilisées par des jeunes de moins de 30 ans ce qui est extrêmement éclairant à ce propos. Ces jeunes ont été orientés sans connaître les métiers et souvent uniquement sur la base de la représentation qu’ils en avaient. Ils reviennent maintenant vers des métiers de la voie professionnelle.

La Ministre a déclaré qu’elle souhaitait impulser les campus de la formation professionnelle car les jeunes ne sont pas toujours prêts au lycée pour aller vers l’apprentissage mais peuvent l’être ensuite.
Elle souhaite déployer sur l’ensemble du territoire des mentions complémentaires pour permettre de préparer la professionnalisation des jeunes avec les entreprises.

“Les lycéens professionnels doivent être les « bac +1 » alternants et c’est avec les entreprises qu’il faut construire les formations les plus pertinentes” a affirmé la Ministre.

Les bureaux des entreprises créés dans chaque lycée professionnel

Laure Vial, administratrice confédérale et cheffe de file Compétences et Formation, a interrogé la Ministre sur les missions de ces bureaux, sur l’autorité dont ils dépendent, sur leur réalité dans chaque lycées. Elle a demandé si les professionnels étaient associés à leur fonctionnement et si des actions conjointes étaient prévues avec les organisations représentatives des employeurs qui connaissent bien les entreprises et le tissu économique local.
Carole Grandjean a précisé que dans chaque lycée professionnel, un bureau des entreprises est installé et que ces bureaux étaient l’un des trois piliers de cette réforme avec la gratification des stages par l’Etat et la lutte contre le décrochage.

Elle a indiqué que le chargé des relations avec les entreprises a pour mission de contacter l’interlocuteur dans les entreprises et dans l’éco système.

Dans la voie professionnelle, ce lien existe déjà avec des conducteurs de travaux et des enseignants métier mais il doit être professionnalisé.

Elle a rappelé que 1 % seulement de l’offre de formation évolue chaque année alors que l’économie évolue bien davantage.

Elle a relevé également qu’il n’existe pas de « portefeuille » d’entreprises dans les lycées professionnels et qu’il faut donc en développer. Les chargés de relations avec les entreprises doivent être en mesure de qualifier un « portefeuille » d’entreprises par le biais des différents types d’actions menées : mentorat, découverte d’entreprises, découverte des métiers, forums, etc…

L’objectif est d’identifier et de caractériser cette relation partenariale, voir comment on fait lien ensemble et comment les entreprises peuvent participer.

Les jeunes n’ont, le plus souvent, pas de réseau. Les stages sont difficiles à trouver et ne sont pas toujours en lien avec leur formation. Certains n’en trouvent pas.

Il est donc nécessaire qu’ils puissent sortir de leur écosystème pour découvrir les métiers.

Les missions des chargés de relation avec les entreprises doivent les y aider.

Une animation nationale de ces acteurs sera organisée et se traduira par une animation territoriale pour qu’une dynamique commune puisse être développée.

Les lycées professionnels privés sont en cours de recrutement et sont environ à 50 % des objectifs.
Un annuaire est en ligne. Il est dynamique et donc toujours à jour.

“Les stages sont obligatoires et vont augmenter en terminale jusqu’à 12 semaines en une fois. Cette durée peut permettre d’aller vers des missions plus intéressantes, un tremplin pour l’emploi ou en « plus 1 » pour aller au-delà du bac en alternance.

Le rapprochement avec les entreprises passera par une meilleure définition de l’offre de formation mais aussi par une coloration territoriale des formations avec des options”. a conclu la Ministre sur ce point.
Réforme des lycées, gratification des lycéens et apprentissage

Denis MAERTENS, Vice-président de la CAPEB Normandie et artisan menuisier charpentier qui accueille des apprentis et des lycéens professionnels régulièrement, a interrogé la Ministre sur l’impact de la réforme sur l’apprentissage.
L’artisanat du bâtiment est la 1ère entreprise de l’apprentissage en France et nos entreprises artisanales représentent 83 % des entreprises formatrices dans le bâtiment. Comment cette réforme s’inscrit-elle dans le développement de l’apprentissage au sein des lycées ? Les périodes de stage sont désormais gratifiées par l’État au bénéfice des lycéens : Cela ne pourrait-il pas inciter les lycées à diminuer leur engagement sur l’apprentissage jusqu’ici seule voie professionnelle donnant lieu à une rémunération pour des jeunes ?

Rappelant que 65 000 lycéens professionnels sont en apprentissage et que 620 000 sont dans la voie scolaire, Carole Grandjean a déclaré qu’elle souhaitait encourager la mixité des parcours.

“Dans un parcours, il doit être possible de pouvoir partir en apprentissage mais ce n’est pas une fin en soi. L’apprentissage n’est pas LA modalité pédagogique” a -t-elle considéré, ajoutant que “Certains jeunes sont plus fragiles et ont besoin de davantage de préparation”.

Au-delà des options, un dispositif avec France Travail doit leur permettre de se préparer au monde du travail. C’est donc plutôt autour du « bac plus 1 » qu’elle souhaite développer l’alternance et ce sont les acteurs économiques qui doivent définir les besoins en formations professionnalisantes.

Cela implique d’accompagner les enseignants dont le métier va évoluer. L’ouverture de nouvelles formations comme la transformation des formations existantes nécessiteront de former les enseignants et cela pourra se faire au travers de conventions de partenariat avec les entreprises. Cela a été fait avec Enedis. Cela est nécessaire pour que le contenu des formations soit pertinent. “J’aurai besoin de vous” a-t-elle insisté.

Le niveau d’indemnisation n’est pas du tout le même en lycées professionnels qu’en apprentissage de même que la durée en entreprises ne l’est pas du tout (12 semaines vs 90 semaines).

La gratification des stages sera de 50 € la première année, 75 € la seconde et 100 € la dernière. Cette gratification est destinée à valoriser les périodes de stage en entreprise, à responsabiliser les établissements, mais aussi les jeunes qui doivent s’impliquer et les entreprises qui doivent les accueillir correctement et leur donner du sens à faire ces métiers.

“Il y a une déperdition de jeunes qui changent de voie après leur formation et l’accueil qui leur est réservé lors de ces stages fait partie de l’attractivité des métiers” a-t-elle dit.
 

Et quid du Mentorat ?

Isabelle Pineau, élue de la CAPEB Maine et Loire, co présidente de la CDFA 49 et administratrice BTP CFA - région Pays de la Loire a demandé à la Ministre quelques explications sur le mentorat et la contribution de la CAPEB au dispositif existant. “Le guide que votre ministère vient de publier en direction des entreprises incite ces dernières à proposer des actions de mentorat pour les élèves de lycée. Le mécénat de compétences est également promu. A ceci près que tout cela s’adresse à des entreprises de taille moyenne ou plus. Envisagez-vous d’inciter les associations mobilisées sur ce sujet ou la formidable initiative 1 jeune 1 mentor à engager une coopération avec les TPE pour que ces dispositifs leur soient plus facilement accessibles ? Une organisation professionnelle telle une CAPEB territoriale peut-elle participer au dispositif Un jeune un mentor ?

Carole Grandjean a confirmé que les TPE sont incitées à participer à une démarche de mentorat parce qu’elle est essentielle pour renforcer l’estime de soi.

Le mentor permet de montrer aux jeunes qu’ils sont importants et qu’ils ont leur place dans la société.

“Un jeune un mentor” organise ce mentorat. Chaque jeune qui est en lycée professionnel doit avoir un mentor, un référent, qui l’encourage à être ambitieux.
L’enjeu stratégique est que les jeunes puissent aller dans n’importe quel lycée professionnel et bénéficier de la même chose.
Ce dispositif doit permettre de mailler tout le territoire, ce qui suppose une mobilisation massive des entreprises. « Encore une fois, j’ai besoin de vous » a déclaré la Ministre, ” C’est un enjeu majeur de pouvoir tous vous associer à ce dispositif”.

Elle a invité la CAPEB à contacter le collectif un jeune un mentor pour mobiliser les bénévoles et inscrire ces volontaires dans une démarche de sensibilisation au rôle de mentor. 8 apprentis sur 10 et tout autant de jeunes en stage sont dans des TPE et PME a précisé la Ministre.

Le Président a souligné que la CAPEB est le bon relai pour mobiliser les 61 000 adhérents qu’elle compte à ce jour.

La carte territoriale des formations professionnelles

Christelle Rozier, administratrice confédérale - Région Auvergne Rhône-Alpes, a interrogé la Ministre sur la carte territoriale des formations professionnelles, qui est un enjeu essentiel pour répondre aux besoins des entreprises et faciliter l’accès des jeunes à l’emploi. Comment cette réforme prend-elle en compte la cohérence des offres locales de formation ? Les CAPEB constatent combien il est difficile de disposer du nombre de jeunes formés en lycées tant par la voie scolaire que par celle de l’apprentissage : quand disposerons-nous de ces données territoriales ?

Carole Grandjean a souligné que 25 % des formations seront transformées, supprimées ou ouvertes les 4 prochaines années.

Pour cette rentrée, le dialogue entre région et rectorat se fait pour construire l’offre de formation de l’année prochaine parce qu’il y a peu de temps pour cela.

Les établissements ont été engagés à avoir un dialogue avec les acteurs sur la base du taux de poursuite d’études pour préparer un plan pluriannuel d’évolution de l’offre de formation.

Cette cartographie sera discutée à l’échelle territoriale par bassin d’emplois et les Préfectures et sous-préfectures vont réunir les partenaires sociaux pour échanger sur les projections de ces offres de formation déterminées par les acteurs.
Il s’agit de faire en sorte qu’elles soient débattues au regard des projections économiques, des réalités sur les territoires de l’offre de formations et des projets territoriaux qui pourront être portés.

Les lycées professionnels sont une partie de la réponse mais ne sont pas LA réponse. Il faut créer une dynamique de filière pour rendre les métiers attractifs. Le dialogue est essentiel localement pour engager des réflexions de filière à même de donner des perspectives aux jeunes. Aujourd’hui il y a des diplômes nécessaires mais pas d’entreprises prêts à accueillir des stagiaires et des jeunes qui n’ont pas envie d’aller vers ces métiers. Il faut donc travailler sur l’attractivité et créer les conditions de l’attractivité, la valorisation des parcours. 40 000 collégiens sont venus à Lyon et ont découvert des métiers très peu connus.

Le fait d’entrer en apprentissage et aller jusqu’au bac +2 fait partie de cette attractivité.

Le Président à souligné que la CAPEB pourra peut-être porter la parole des TPE dans les Préfectures et dans le dialogue avec les Rectorats et les filières.

La mise en œuvre et l’évaluation de la réforme

Le Président Jean-Christophe Repon a demandé à la Ministre comment elle pensait réussir cette réforme et sur quelles bases elle mesurerait cette réussite.

Carole Grandjean a indiqué qu’elle venait elle-même de l’entreprise, précisant que la seule boussole du diplôme n’est pas suffisante. C’est une perspective d’orientation et d’insertion professionnelle qui est visée. Les indicateurs seront les taux de réussite de ces jeunes en matière d’insertion professionnelle et la limitation du taux de décrochage. L’évolution de l’offre de formation et la mise en place réelle des différents dispositifs seront également des indicateurs.

Les comités locaux Ecole/Entreprise seront complémentaires à la découverte des métiers.
La découverte des métiers en fin de 3ème doit permettre de mieux choisir son orientation. L’acculturation au monde de l’entreprise est assez faible et ces périodes de découverte sont de nature à y remédier. Le changement de regard peut se construire de cette façon.

Les initiatives de la CAPEB Réunion

Cyrille Rickmounie, Président de la CAPEB Réunion, a témoigné des initiatives prises par la CAPEB à l’Ile de la Réunion.
Il a souligné que la CAPEB Réunion travaille sur les valeurs portées par l’artisanat du bâtiment - le gout de l’effort, la passion, la fierté - avec le soutien de l’Académie de la Réunion et le Campus des Métiers.

La CAPEB organise également un concours “la truelle d’or” pour récompenser les jeunes investis. Le 24 février et le 1er mars un autre concours récompensera des jeunes investis dans les métiers de la peinture décoration et de la plomberie.
Une action de lutte contre le décrochage scolaire a également été mise en place pour attirer les jeunes dans les métiers et réduire les difficultés des entreprises à recruter.
 


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