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LES ENTREPRISES ARTISANALES DU BĂ‚TIMENT NE SONT-ELLES PAS FINALEMENT LE START-UP DE TOUJOURS ?
  NOTE D'INFORMATION CAPEB DU 29 FEVRIER 2024

 News du 29-02-2024

L’an dernier, nous avions organisé 3 « Rencontres de la CAPEB » dans le but d’affirmer le rôle des entreprises artisanales du bâtiment dans la société, dans l’économie et dans les territoires. Nous avions ainsi défendu l’idée que les entreprises artisanales du bâtiment ont tous les atouts nécessaires pour répondre aux attentes des jeunes de la génération Z, qu’elles sont leaders sur les marchés de la rénovation et qu’elles ont un rôle essentiel à jouer sur celui du patrimoine.

Toujours dans la perspective d’affirmer la place des TPE et dans le cadre d’une action d’influence institutionnelle, nous poursuivons cette stratégie. Ainsi, ce mercredi 21 février 2024, nous avons organisé des « Rencontres de la CAPEB » sur le thème de l’Innovation. Animées par la journaliste Isabelle Gounin-Lévy, avec l’économiste Nicolas Bouzou comme grand témoin, ces Rencontres visaient à démontrer que si les capacités d’innovation des entreprises artisanales du bâtiment étaient reconnues et encouragées, leur dynamisme économique et leur potentiel d’attractivité en seraient largement renforcés.

Ces Rencontres ont débuté par des regards croisés sur un film montrant différentes facettes de l’innovation dans 3 entreprises artisanales du bâtiment. (voir le film ici).
 

Une occasion pour Jean-Christophe Repon de souligner que, dans l’Artisanat, l’innovation relève du pragmatisme, de l’inventivité, de la créativité pour répondre à des besoins précis et toujours différents. L’artisan du bâtiment est celui qui adapte, qui ajuste, qui crée et qui trouve les bonnes solutions pour répondre aux besoins toujours spécifiques de ses clients.

L’économiste Nicolas Bouzou a rebondi sur ce film pour rappeler que l’innovation est une constante dans les petites entreprises du bâtiment qui ont toujours su, au gré des circonstances et des évolutions économiques, sociales et environnementales, intégrer de nouvelles façons de travailler, de nouveaux process, de nouveaux produits, de nouveaux équipements.

Cette capacité à innover, réelle, permanente, quasi intrinsèque à l’Artisanat, doit être reconnue et encouragée parce qu’elle fait progresser l’ensemble du secteur et rend service à la société. Car, c’est bien pour satisfaire les besoins de nos concitoyens que les chefs d’entreprise artisanale du bâtiment font preuve d’ingéniosité. Or, aujourd’hui, bien des obstacles y font entrave.

Le Directeur général de l’Agence Qualité Construction, Philippe Estingoy, a évoqué à cet égard les contraintes assurantielles liées aux innovations, sachant que les innovations n’entrent pas dans la catégorie des techniques courantes assurées. Il a expliqué le rôle des avis techniques d’expérimentation (ATEX) ce qui a conduit Marc Lagouarre, artisan maçon dans le Tarn et Garonne et administrateur de la CAPEB Nationale, a en souligner le coût, démesuré pour une entreprise artisanale.

Il a également témoigné de la rigidité du système français qui ne favorise pas le déploiement d’innovations, prenant l’exemple d’une solution de béton mousse qu’il a du porter avec un fournisseur italien faute d’avoir pu en trouver en France.

Marc Lagouarre a par ailleurs souligné que les innovations quotidiennes de l’artisanat ne sont pas quantifiées ni mesurées de sorte qu’elles ne sont pas reconnues.

Il a déploré que les choix innovants de l’Artisanat du bâtiment dans le domaine social ne soient pas soutenus par l’Etat, prenant l’exemple des conventions collectives progressistes signées par la CAPEB et les organisations salariées mais toujours inappliquées obligeant le secteur à se référer à des textes désuets de 1990.
 

Geoffroy Cailloux, Chef du Service de l’Economie de Proximité de la DGE (Direction générale des entreprises) est ensuite intervenu pour noter combien les frontières sont floues entre l’artisanat et les start-up, et pour inviter les professionnels innovants à s’adresser à la DGE pour être accompagnés. Il a suggéré de faire émerger des projets innovants pour les valoriser et d’organiser des synergies, notamment avec l’industrie, comme d’autres secteurs le font.

Les Rencontres ont ensuite mis en évidence l’intérêt de travailler collectivement pour booster les innovations et la place qu’occupent les entreprises artisanales du bâtiment en tant que partenaires indispensables pour développer et diffuser l’innovation. Les enjeux environnementaux, notamment, imposent en effet un changement de paradigme et conduisent les acteurs à travailler en filière, entre filières et même à sortir de leurs cercles habituels, par exemple en se rapprochant des start-ups.

Nadia Bouyer, Directrice générale d’Action logement, a témoigné des résultats probants obtenus par le programme PROFEEL qu’elle préside et qui a été mis en place grâce à la mobilisation de 16 organisations professionnelles du bâtiment, CAPEB en tête, pour travailler ensemble à des solutions innovantes conçues pour et par les professionnels.

Isabelle Dorgeret, Directrice générale de la FFTB, a rappelé que c’est sur une idée des maçons que les joints minces ont été intégrés et que c’est grâce à cette collaboration que les modes de pose ont pu être repensés.
 


 

Tristan Garcia, Président de Wisebim, éditeur de logiciels innovants spécialisé dans l’intelligence artificielle, a souligné que, pour une start-up, il est plus facile de travailler avec des artisans qu’avec des grands groupes car les problématiques sont très semblables (accès direct à celui qui décide, réponse immédiate). Il a également noté qu’une start-up a plus de faciliter à innover notamment parce qu’elle a plus facilement accès au financement des banques.

Gilles Garel Professeur titulaire de la chaire de gestion de l’innovation du CNAM et co-auteur du MOOC « La Fabrique de l’innovation » a, pour sa part, insisté sur la collaboration inter secteurs, démontrant au travers de plusieurs exemples ce que les uns peuvent apporter aux autres pour aboutir à des solutions innovantes et parfaitement adaptées aux besoins.

Enfin, la dernière partie de cet après-midi a permis de prendre un peu de hauteur sur ce sujet. Jean-Christophe Repon était entouré pour en parler de Mickael Dandrieux, sociologue, Président d’Eranos, enseignant à l’Ecole de Management et d’Innovation de Sciences Po Paris, et de David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.
 


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