Le 28 mai dernier, le Ministre de l’Education Nationale M. Jean-Michel Blanquer a présenté les principaux axes de la future réforme de l’enseignement professionnel dont le vote parlementaire est prévu pour la fin de l’année 2018.
Cette nouvelle réforme vise à faire de la voie professionnelle un parcours de réussite et d’excellence pour ses élèves, et à lui redonner une attractivité, un prestige et surtout une efficacité. Elle fait suite à la remise d’un rapport préconisant « 9 leviers » pour réformer la voie professionnelle (rapport initié par le le chef étoilé Régis Marcon et la députée REM Céline Calvez).
Ce projet de réforme contient 3 grands axes :
- Créer des campus professionnels « nouvelle génération »
- Former aux métiers de demain et renforcer les liens avec le monde professionnel
- Promouvoir l’innovation pédagogique et améliorer l’accompagnement des élèves
* De « véritables campus professionnels »
L’objectif du gouvernement est de créer des lieux de vie, de formation et d’innovation, en lien étroit avec les régions et les acteurs de la recherche et du monde professionnel.
Ces lieux réuniront sur un même site : des établissements d’enseignement supérieur et secondaire proposant des filières professionnelles créatrices d’emploi et accueillant des jeunes du CAP à la licence professionnelle, des équipements sportifs, un internat, une section de l’université (par exemple des DUT), un centre de formation d’apprentissage (CFA), des entreprises partenaires et un réseau d’établissements proposant des formations à proximité du campus.
Le gouvernement prévoit de créer des « campus d’excellence » dans toute la France, à raison d’au moins 3 campus par région à l’horizon 2022.
* Des formations plus claires et correspondants aux besoins réels de l’économie
Cet axe de la réforme concerne la carte des formations, appelée à être revue afin de mieux prendre en compte les métiers de demain et réduire les effectifs d'élèves dans les filières qui ont des difficultés d’insertion sur le marché du travail.
Adapter le contenu des diplômes aux enjeux économiques à venir :
Dès cet été, le ministère de l’Education nationale et les partenaires sociaux devraient commencer à revoir les diplômes dans les cadre des commissions professionnelles consultatives (CPC), et procéder aux rénovations nécessaires pour répondre aux enjeux économiques d’aujourd’hui et de demain.
Il s’agira également de développer les formations en lien avec des secteurs d’activités appelés à se développer au cours des années à venir et ainsi permettre aux jeunes de mieux s’insérer.
Transformer les formations qui insèrent le moins :
Pour les formations qui insèrent le moins, des mesures de transformation seront engagées :
- les contenus seront adaptés en lien avec les professionnels concernés afin de répondre aux attentes des employeurs,
- l’offre de formation sera limitée et les élèves seront incités à se tourner vers d’autres formations du secteur tertiaire ou de la production.
Un plan de formation des professeurs sera également prévu, et les opportunités de rencontres en entreprise et dans les campus entre les professeurs et les professionnels seront développées pour partager les évolutions des métiers et des compétences.
* Vers des parcours d’excellence
Cet axe propose plusieurs mesures :
Une meilleure information des élèves et des familles :
- une information renforcée aux métiers, aux formations et à leurs taux d’insertion,
- un accès au stage de découverte qui sera possible dès la classe de quatrième pour les élèves à partir de 14 ans dont la famille le souhaite,
- une classe de troisième « prépa métiers » qui se substituera à la troisième « prépa pro » et au DIMA (Dispositif d’initiation aux métiers en alternance),
- l’organisation de la classe de seconde professionnelle de façon moins spécialisée qu’aujourd’hui et par grandes familles de métiers.
Un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) accessible en un, deux, ou trois ans :
- le CAP en 1 an : sera notamment proposé aux jeunes issus de première ou terminale professionnelle, technologique ou générale, ou ayant déjà un diplôme et dispensés des épreuves générales, ou sortant de troisième, avec un projet professionnel solide et un bon niveau scolaire ;
- le CAP en 2 ans : sera proposé aux élèves issus de troisième pour acquérir un savoir-faire professionnel et des savoir-être solides ;
- le CAP en 3 ans : sera proposé aux élèves à besoins particuliers (notamment issus des Sections d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) qui accueillent des élèves présentant des difficultés scolaires graves et persistantes auxquelles n'ont pu remédier les actions de prévention ou d'aide, et qui les accompagnent et leur permettent d’accéder à une formation professionnelle avec une qualification diplômante de niveau V), et identifiés par les commissions d’affectation.
En vue de la rentrée 2019, les programmes des CAP devront être revus pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle :
- un test de positionnement sera mis en place afin d’identifier les besoins en mathématiques et en français des élèves,
- une attention particulière sera donnée à la transmission d’un « savoir-être » nécessaire en vue d’une insertion professionnelle réussie : transmission des codes culturels et sociaux (capacité à se présenter, s’exprimer, à collaborer et à développer un jugement critique) et de la posture professionnelle (santé, sécurité, prévention des risques, ergonomie, gestes, postures professionnelles, cadre juridique et règlementaire du contrat de travail, etc...)
Le baccalauréat professionnel sera plus progressif et plus lisible, et organisé en familles de métiers :
Une famille de métiers rassemblera plusieurs spécialités de baccalauréat professionnel regroupées sur la base de compétences professionnelles communes. Ce regroupement a pour but de permettre aux élèves d’acquérir un premier socle professionnel, tout en découvrant les enjeux et les métiers d’un secteur d’activité.
Certaines spécialités ne relèvent pas de familles de métier en raison de leur spécificité.
Dès cet été, le ministère de l’Education nationale, en lien avec le ministère du Travail, se réunira avec les branches professionnelles pour définir les familles de métiers qui seront proposées à la rentrée 2019.
14 familles de métiers sont citées dans le dossier de presse du gouvernement (liste non définitive) :
* métiers de l’aéronautique,
* métiers de la réalisation de produits mécaniques,
* métiers du numérique et de la transition énergétique,
* métiers de la maintenance des équipements industriels et des véhicules,
* métiers du pilotage d’installations automatisées,
* métiers des industries graphiques et de la communication,
* métiers du bois,
* métiers de la construction durable, du bâtiment et des travaux publics,
* métiers des études et de la modélisation numérique du bâtiment,
* métiers de la beauté et du bien-être,
* métiers de la gestion administrative, du transport, de la logistique et de la sécurité,
* métiers de la relation client,
* métiers de l’hôtellerie-restauration, tourisme,
* métiers de bouche.
C’est à partir de la classe de première que les élèves en baccalauréat professionnel se spécialiseront, en choisissant une spécialité à la fin de la classe de seconde.
En terminale, il sera proposé à l’élève 2 modules optionnels au choix selon son projet d’avenir : un module d’insertion professionnelle et d’entreprenariat (aide à la rédaction de CV et lettre de motivation, préparation aux entretiens de recrutement,…), ou un module de poursuite d’étude (préparation aux attentes de l’enseignement supérieur).
Simplification des modalités d’évaluation du CAP et du baccalauréat professionnel :
Pour les élèves de CAP et de baccalauréat, des épreuves d’enseignement général et professionnel seront ainsi instaurées en fin de première : les candidats qui obtiendront au moins la moyenne à ces épreuves anticipées se verront délivrer un diplôme intermédiaire valorisant l’engagement et le travail des lycéens.
La présentation d’un chef-d’oeuvre, sur lequel les élèves commenceront à travailler dès la première, fera l’objet d’une épreuve en terminale.
Pour tous les diplômes professionnels, les candidats ajournés à l’examen peuvent se voir délivrer, selon le modèle déjà en oeuvre pour les adultes en formation continue, des attestations de blocs de compétences pour les épreuves auxquelles ils ont obtenu au moins la moyenne. Ces attestations favorisent le retour en formation à n’importe quel moment de la carrière professionnelle.
TELECHARGER LE DOSSIER DE PRESSE