La CAPEB a présenté les derniers chiffres de la conjoncture du 1er trimestre 2025 lors d’une visio à destination de son réseau. À travers des données statistiques et l'enquête de conjoncture réalisée avec Xerfi, il ressort un diagnostic clair : le recul d’activité se poursuit, sur fond d’environnement économique pourtant plus favorable. Vous trouverez le kit de communication complet en fin d'article
Un recul de l’activité qui se confirme
Malgré une légère amélioration du contexte financier – baisse des taux, inflation maîtrisée, frémissement des crédits à l’habitat – le secteur ne repart pas. L’artisanat du bâtiment enregistre une baisse d’activité de 5 % en volume au premier trimestre 2025 par rapport au premier trimestre 2024, tirée par le net repli de la construction neuve (-10 %). L’entretien-amélioration recule également (-2 %), y compris sur les chantiers de rénovation énergétique (-1,5 %).
Le recul de l’activité en entretien-amélioration s’explique en grande partie par un manque de confiance des ménages, alimenté par un climat politique instable. Bien que le taux d’épargne reste historiquement élevé, les ménages hésitent à investir dans le logement, faute de visibilité, et repoussent leurs projets de travaux jugés non urgents.
Pas de redémarrage concret sur l’ensemble des marchés
Le marché de la construction neuve semble marquer une forme de stabilisation progressive vers des niveaux plancher, nettement plus bas qu’avant la crise sanitaire. Les autorisations cumulées sur 12 mois à février 2025 reculent toujours bien qu’à un rythme moins soutenu, avec -10,7 % par rapport à la période de 12 mois précédentes. Quant aux mises en chantiers, elles représentaient 293 000 logements sur la même période, présentant ainsi une tendance proche de la stagnation (-0,3 %).
Les transactions dans l’immobilier ancien, génératrices de demande de travaux à moyen terme, affichent une remontée timide en lien avec la progressive reprise des crédits à l’habitat. En janvier 2025, leur cumul sur 12 mois s’élevait à 794 000 logements anciens vendu, un niveau encore inférieur de 7 % à celui de janvier 2024.
Emploi et trésorerie : deux points sous tension
Les trésoreries des entreprises artisanales du bâtiment sont toujours sous tension au premier trimestre 2025. Plus d’une entreprise sur cinq fait état de besoins de financement, liés pour une part croissante d’entre elles à une baisse de l’activité (59 % des entreprises) et à l’allongement des délais de paiement de leurs clients (54 %).
En parallèle, la dynamique de l’emploi reste négative. Au 4e trimestre 2024, les entreprises artisanales du BTP dénombrent 27 300 salariés de moins qu’au 4e trimestre 2023 (-3,2 %). La tendance devrait rester nettement dégradée sur la première moitié de 2025. En effet, en janvier 2025, la part d’entreprises artisanales affirmant envisager des recrutements pour le semestre à venir était inférieure à la part d’entreprises envisageant des licenciements ou non renouvellements.
Un potentiel considérable de logements par la rénovation :
- 11 millions de logements sont dans le bâti ancien, soit 1/3 du parc français
- 3,1 millions sont vacants, soit 8 % des logements
- 8 millions sont des passoires thermiques (dont 567 000 interdites à la location depuis le 1er janvier)
- 2 millions de m² de bureaux sont susceptibles d’être transformés en logement
- 80 % des logements de 2050 existent déjà et devront être rénovés
Au-delà de la seule offre supplémentaire de logements, la rénovation offre un triple gain : environnemental, sanitaire et économique. Elle consomme 80 fois moins de matériaux qu’une construction neuve et permettrait d’économiser près de 10 milliards d’euros par an en coûts de santé (source ADEME).
Les signaux sont clairs : l’artisanat du bâtiment traverse une crise structurelle, accentuée par l’instabilité des politiques publiques. Malgré des appels répétés à soutenir la rénovation, le Gouvernement continue de privilégier le neuf.
La CAPEB continue de relayer ces alertes auprès du Gouvernement et des ministères. Elle maintient son engagement auprès de ses adhérents et appelle à un sursaut politique.
« Les chiffres du premier trimestre 2025 confirment ce que nous redoutions et cessons de prévenir depuis deux ans maintenant. Notre secteur s’enfonce dans une crise structurelle. Ce constat est d’autant plus inadmissible que nous avons agi en responsabilité en formulant de nombreuses propositions concrètes sans impact budgétaire pour l’Etat. Aucune n’a trouvé d’écho auprès du Gouvernement. Aujourd’hui, nous dénonçons la non-assistance dont a fait l’objet notre secteur. Cette indifférence à l’égard d’entreprises au cœur du dynamisme économique local, et des transitions environnementales et sociétales est coupable »
Jean-Christophe Repon